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AUX ARBRES CITOYENS !

Vie de la Mutuelle | Publié le 24 juillet 2024

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Les forêts qui brûlent, les arbres qui se dessèchent faute de précipitations, les essences qui succombent aux attaques de champignons pathogènes ou de coléoptères, la déforestation, les monocultures intensives : la maltraitance de nos arbres est tout à la fois une question écologique, économique et politique. Pourquoi ça nous concerne tous, mutuelles, mutualistes, citoyens ? Explications.

Dépérissement des forêts, état des lieux

Située au confluent de quatre grandes zones climatiques, la forêt française métropolitaine est très diversifiée avec 136 espèces. Mais, d’après le dernier inventaire de l’Office national des forêts, 300 000 hectares de forêts publiques, sur un total de 17 millions d’hectares en métropole, sont soumis à un processus de dépérissement à des degrés divers. 50 000 hectares sont à reconstituer totalement. Un phénomène qui s’accélère sous l’effet direct du réchauffement ou indirect via les attaques parasitaires qui en sont une des conséquences.

Les épicéas sont ravagés par les scolytes, un insecte qui sévit dans le Grand Est, en montagne, en Franche-Comté. Les chênes multicentenaires plantés par Colbert dans la forêt de Tronçais souffrent eux aussi. Ces hécatombes auxquelles on assiste montrent à quel point la monoculture forestière est dangereuse. Or 50 % des surfaces boisées actuelles sont en monoculture.

 

Le principe de diversité appliquée aux bois

Selon l'ONF, si la température mondiale augmente de 4°C d'ici 2100, la moitié des forêts françaises pourraient être gravement affectées. Pour s'adapter, il est nécessaire d'introduire des espèces plus résistantes ou mieux adaptées à la chaleur dans les forêts concernées, comme le hêtre du Var pouvant prospérer dans les Vosges. Cependant, il n'y a aucune garantie de succès, comme en témoigne l'échec d'une plantation de cèdres de l'Atlas dans la région de l'Argonne, victime du gel dès sa première année malgré une subvention en 2022. L'ONF n'a pas de plan préétabli mais préconise une approche de "forêt mosaïque", favorisant la diversité des peuplements et des espèces pour mieux résister aux changements climatiques.

Ce que les arbres font pour nous

Les arbres, en plus d'être les poumons de la planète, fournissent des habitats pour de nombreuses espèces et nous offrent de l'ombre et de la fraîcheur en été. À long terme, ils préviennent l'érosion des sols en les produisant et en fournissant des nutriments essentiels pour la terre, indispensable à la culture des plantes et à l'alimentation du bétail. Les forêts sont donc cruciales pour l'agriculture, fournissant également des ressources alimentaires telles que des champignons, des châtaignes et des fleurs comestibles. De plus, les arbres sont sources de nombreux produits essentiels à nos vies et à nos économies, tels que le caoutchouc, le café et divers types de bois. Cependant, notre consommation excessive des ressources forestières pose problème.

 

Arrêter de scier la branche sur laquelle on est assis

Autrefois, on pensait qu'une bonne gestion forestière impliquait d'éliminer les arbres morts, de couper certains arbres pour favoriser la croissance des autres et d'utiliser des produits chimiques pour prévenir les maladies fongiques. Cependant, les recherches ont montré que cette approche nuisait en réalité aux arbres. Désormais, il est essentiel de préserver les arbres morts et ceux avec des cavités, car ils abritent de nombreuses espèces vitales pour la forêt. L'ONF a adopté de nouvelles règles pour protéger les sols et les cours d'eau forestiers, en évitant les interventions pendant la nidification des oiseaux et en évitant de trop espacer les arbres. Les arbres sont connectés entre eux par un réseau fongique qui leur permet de communiquer des informations importantes. Trop d'éclaircies rompent ce réseau, laissant les arbres isolés et vulnérables aux tempêtes.

Le marché du bois de construction

Le marché mondial du bois de construction récolte annuellement 4 milliards de mètres cubes de bois selon les Nations Unies, mais la durabilité de cette production est remise en question. Selon le WWF, 23 % des produits forestiers importés en Europe sont présumés illégaux, provenant de zones forestières cruciales telles que l'Amazonie, le Congo et les forêts boréales. L'agriculture, notamment l'élevage et la production de soja et d'huile de palme, est le principal moteur de déforestation, entraînant la disparition de millions d'hectares de forêts primaires tropicales. La France se classe 6e parmi les importateurs européens de bois illégal, principalement en provenance de Russie, acheminé notamment via la Finlande. Des pays comme la Birmanie et l'Indonésie sont également pointés du doigt pour leurs pratiques de déforestation. Malgré les engagements pris lors de la COP26 en 2021 pour mettre fin à la déforestation d'ici 2030, une évaluation en octobre 2023 a révélé une augmentation de 4 % de la déforestation en 2022.

 

Économie de la réparation ou greenwashing ?

De nombreuses entreprises privées plantent des arbres ou soutiennent des programmes de reboisement pour compenser leur impact sur l'environnement et absorber le dioxyde de carbone qu'elles émettent. Cependant, certaines de ces entreprises remplacent des forêts anciennes et diversifiées par des monocultures à croissance rapide, telles que l'eucalyptus, qui ne se régénèrent pas naturellement et nuisent à la biodiversité en asséchant les sols et en augmentant les risques d'incendie. La substitution des chênes natifs par des conifères à croissance rapide en Europe a certes augmenté la couverture forestière, mais ces espèces absorbent moins de carbone et exacerbent les effets du réchauffement climatique. Ainsi, la replantation peut aggraver les problèmes qu'elle vise à résoudre.

 

Pas de forêts, pas de pluies

Les forêts absorbent du CO2 et contribuent ainsi à limiter l'effet de serre, mais la reforestation seule ne suffirait pas à compenser toutes les émissions de CO2 du pays. Cependant, elle est cruciale pour préserver ou restaurer les sols, la biodiversité et les régimes de pluie autour des zones forestières. Les forêts favorisent également le cycle de l'eau en humidifiant l'air, ce qui peut bénéficier à l'agriculture en régulant les sécheresses. Ainsi, la reforestation dans l'ouest de la France pourrait aider à atténuer les effets du réchauffement climatique et à protéger la capacité agricole du pays.

 

En chiffres

862 gigatonnes de CO2 : c’est la quantité que stockent les forêts du monde entier dans leurs troncs, branches et feuilles.

1 km2 de forêt naturelle produit 50 000 tonnes de sédiments en surface (bois mort, écorce, feuilles) sans lesquels les sols, épuisés, se transforment en désert.

1 km2 de forêt rejette 10 000 kilogrammes d’oxygène par jour (un humain en consomme un kilogramme par jour).

 

Le saviez vous ? La plus grande forêt européenne se trouve... en Guyane !

Les membres de la section Antilles-Guyane de la Mutuelle de France Unie sont directement touchés par les changements climatiques qui affectent leur forêt tropicale. L'article "Aux arbres, citoyens !" souligne l'importance des décisions politiques pour la protection de nos environnements. Saviez-vous que la plus grande forêt d'Europe se trouve en Guyane ?

La forêt amazonienne couvre 90 % du territoire de la Guyane française. Alors que les forêts métropolitaines abritent 136 espèces d'arbres, la forêt guyanaise en compte 1 712, dont certaines sont uniques à cette région.

La Guyane est confrontée aux changements climatiques. Selon le rapport Guya-Climat, les températures devraient augmenter, et une étude du CNRS a révélé qu'au-delà de 31 °C, la forêt tropicale humide se transforme en forêt tropicale sèche, mettant en danger la faune et la flore locales. L'orpaillage illégal aggrave la situation en polluant les cours d'eau au mercure et en accélérant la déforestation, avec 29 000 hectares détruits depuis 2003. Malgré cela, la Guyane maintient trois centrales électriques à biomasse subventionnées en tant qu'énergie renouvelable, une mesure contre laquelle la population locale et les adhérents de la Mutuelle de France Unie s'opposent. 

 

Article Bonne Santé Mutualiste #104


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